RSF appelle le Maroc à ne pas extrader un journaliste ouïgour vers la Chine, où il risque d’être torturé

Le 16 décembre, les Nations Unies ont appelé le gouvernement marocain à suspendre l’extradition vers la Chine de Yidiresi Aishan, un journaliste ouïgour âgé de 33 ans, invoquant le risque de « violations graves des droits humains », dont la torture. Le jour précédent, la Cour de cassation marocaine s’était prononcée en faveur de son extradition malgré l’annulation le 2 août de la « notice rouge » d’Interpol en vertu de laquelle il avait été arrêté. Yidiresi Aishan, titulaire d’un permis de séjour humanitaire turc, est détenu au Maroc depuis son arrestation le 19 juillet à l’aéroport de Casablanca suite aux accusations de « terrorisme » du régime chinois.

« Le gouvernement marocain ne peut pas ignorer la motivation politique de la demande d’extradition émise par Pékin et porterait une lourde responsabilité si Yidiresi Aishan était victime d’exactions une fois renvoyé Chine », insiste le directeur du bureau Asie de l’Est de RSF, Cédric Alviani, qui appelle le gouvernement marocain à « suspendre son extradition vers la Chine au nom de la dignité humaine et lui permettre de trouver refuge dans le pays de son choix ».

Yidiresi Aishan, aussi connu sous le nom de Idrs Hasan, un ressortissant chinois né dans la région autonome du Xinjiang, a cofondé en 2016 le périodique Shebnem, destiné à aider les Ouïghours à s’intégrer dans la société turque. RSF et d’autres ONG de défense des droits humains dénoncent depuis des années la recrudescence des « notices rouges » d’Interpol à motivation politique ciblant les dissidents en exil.

Depuis le lancement d’une campagne de répression dans la région du Xinjiang en 2014, officiellement « contre le terrorisme », le régime chinois a arrêté 71 journalistes et travailleurs des médias ouïghours, dont Ilham Tohti, lauréat du prix Václav Havel du Conseil de l’Europe et du prix Sakharov du Parlement européen, qui purge actuellement une peine d’emprisonnement à perpétuité pour « séparatisme ».

RSF vient de publier un rapport intitulé Le grand bond en arrière du journalisme en Chine, qui révèle la campagne de répression sans précédent menée par Pékin contre le journalisme et le droit à l’information dans le monde.

La Chine est la plus grande prison au monde pour les journalistes avec au moins 127 détenus et stagne au 177e rang sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse 2021.

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